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Si le cinéma pré-révolutionnaire russe a souvent été injustement minoré, le véritable âge d’or muet du pays reste celui des années 20, quand de nombreux cinéastes soviétiques (Eisenstein, Vertov, Poudovkine, Dovjenko…) explorèrent toutes les possibilités offertes par le montage. Le « réalisme socialiste », proclamé en 1934, pose un chape de plomb académique sur cette création, qui mettra du temps à s’en relever. Un dégel s’amorce cependant dans les années 50 (Kalatozov), et se confirmera dans les années 60-70 (Tarkovski, Paradjanov, Mikhalkov…). Au petit sursaut du cinéma de la perestroïka (1986-1991) succède une période paradoxalement plus difficile pour les cinéastes, d’où émergent seulement quelques figures isolées (Lounguine, Sokourov, Zviaguintsev…).
Natacha Korosteleva fabrique des chapeaux à domicile, qu’elle livre ensuite à Moscou. Au cours d’un de ses déplacements, elle fait la connaissance d’un jeune ouvrier provincial. Afin de lui venir en aide, elle contracte avec lui un mariage fictif…
Boris Barnet (1902-1965), grand cinéaste comique du muet soviétique, eut une position assez marginale vis-à-vis de l’école de montage dont il était le contemporain. D’un côté, il apparaît comme l’héritier direct des comédies de Lev Koulechov (le premier théoricien du montage en URSS, qui fut son professeur), et sa direction d’acteur énergique se rapproche des principes de la FEKS, autre courant lié au montage. Mais à l’inverse de la plupart de ses collègues, il n’a pas cherché à théoriser son cinéma, qui se bâtit naturellement autour des personnages et de la liberté du comédien (une conception du corps agissant, et du burlesque, que Barnet hérite entre autres de son passé de boxeur). Plus que par la comédie, c’est par leur tendresse lunaire que ses films tranchent avec leur époque, loin des expérimentations un peu froides des années 20, ou du scénario-roi qu’imposera le cinéma sous Staline. Chroniqueur amusé de la vie quotidienne de ses concitoyens, il aura des difficultés à retrouver l’inspiration après-guerre, et se donnera la mort en 1965.
URSS / 1h38 / Imdb / DVD Titre original : Devushka s korobkoy
Hermann ne joue jamais aux cartes, mais aime passer ses soirées en compagnie de joueurs. Au cours d’une de ces soirées, Tomski raconte que la comtesse Anna Fédotovna détiendrait le secret, issu d’un noble français, de deviner les trois cartes qui vont sortir…
Yakov Protazanov (1881-1945) réalise ses premiers grands films à l’atelier-studio d’Iossif Ermoliev, où il dirige Ivan Mosjoukine, le grand acteur russe de la période pré-révolutionnaire. Tous trois fuient la révolution d’Octobre pour émigrer en France, mais Protazanov rentre finalement en URSS en 1923 – où il tournera encore de nombreux films, dont le style fluide et linéaire, encore attaché aux personnages, tranche fortement avec les expérimentations de montage de ses contemporains (Eisenstein, Vertov, Dovjenko…).
Russie / 1h03 / Imdb / DVD Titre original : Pikovaya dama
Un petit hérisson et son ami ourson ont pour habitude de se réunir chaque soir, pour boire du thé avec de la confiture de framboise, et compter les étoiles. Mais voilà qu’un jour le hérisson, passant à travers bois pour rejoindre son ami, se perd dans le brouillard…
Youri Norstein (1941-) anime ses films de A à Z, ce qui explique la brièveté de sa filmographie (l’ensemble de son œuvre animée, mise bout-à-bout, ne fait que 80 minutes – et son dernier film, Le Manteau, est en cours de réalisation depuis 1981). Tournant sur plaques de verre, ce qui lui permet de jouer de la profondeur et du rendu des textures, il développe un cinéma doux, onirique et mélancolique, parfois teinté de mysticisme. Son influence est considérable dans le monde de l’animation, notamment au Japon (Miyazaki et Takahata se revendiquent tous deux de son héritage).
URSS / 0h11 / Imdb / DVD Titre original : Yozhik v tumane
En Ukraine comme dans le pays entier, la guerre est en train de se terminer. Le film retrace, par segments disjoints et personnages isolés, ces années de lutte et de famine, et notamment la révolte de l’usine d’Arsenal, réprimée dans le sang…
Alexandre Dovjenko (1894-1956) est un cinéaste soviétique d’origine ukrainienne. Sa terre natale aura une grande importance dans ses films, où la célébration du communisme ne se départit jamais d’une exaltation de la nature et des éléments, et où les expérimentations de montage sont indissociables d’élans poétiques plus instinctifs. Sa trilogie ukrainienne (1928-1930) constitue le sommet d’une filmographie qui connaîtra bien plus de difficultés au moment du parlant. Son style cependant aura un large héritage, influençant grandement les cinémas de Larisa Shepitko, de Sergei Parajanov, ou d’Andreï Tarkovski.